Cette fois c’est la bonne, je suis décidée mais vraiment, vraiment à me lancer dans la littérature noire et africaine. Pour être plus précise, je vais me focaliser sur les romans écrits auteurs noirs quelque soit leur origine. D’une part j’en ai envie et surtout parce que je fais ce que je veux, c’est mon argent.
Pour commencer ce voyage, j’ai choisi un auteur compatriote que m’a suggéré mon père. Enthousiaste lors de la réception de mon bouquin, je le montre à mon mari qui me prend de haut parce que je n’avais jamais lu Sony Labou Tansi. Cela prouvait encore une fois que je suis moins congolaise que lui (une private joke) parce que j’ignorais l’existence d’un génie qu’il a pour sa part découvert au collège. Quel snob !
Je dois avouer que Sony c’est du lourd. En environ 210 pages, il plonge le lecteur dans une atmosphère post coloniale oppressante au sein de laquelle se déroule l’histoire de Dadou. Ce personnage qui est au départ un exemple de réussite sociale, intellectuelle et familiale voit sa vie basculer parce qu’une jeune fille de l’école qu’il dirige en tombe amoureuse. Pour la faire courte, le rejet qu’il oppose à la jeune fille va entraîner la mort de sa femme, ses enfants puis le conduire en prison. Comment? Je vous laisse découvrir.
L’auteur décrit consciencieusement l’enchaînement des événements qui vont entraîner Dadou dans la Résistance. Il est tellement poisseux que ça en devient comique même si c’est la dernière chose qu’on a envie de faire en lisant ce roman. Profondément alcoolique, il a souvent des épisodes dépressifs qui s’aggravent avec les épreuves qu’il traverse, au cours desquelles il fait preuve d’un discernement déconcertant. Ma préférée: « Une loi n’a d’yeux que pour voir les apparences. Et quand les apparences vous accusent, la loi s’en lave les mains ».
Je n’ai pas lu le roman avec régularité. Il me fallait de longs moments de pause pour sortir de cette atmosphère chargée de désespoir, de mort et de désolation. Evidemment les parallèles avec les situations réelles de nos pays africains n’ont pas manqué même si 30 ans nous séparent. Il décrit avec une lucidité crue les méfaits de la concentration des pouvoirs au sein d’une oligarchie et du système qu’ils mettent en place pour conserver ce pouvoir.
C’est un poète, un génie, oui mais trop sombre et sa lecture m’a été difficile. Je pense que je n’ai pas effleuré la substance du personnage féminin récurrent du roman: Yealdara. Une femme de principe qui fait de Dadou ,sa cause.
L’auteur a une maîtrise totale de la langue avec laquelle il joue, allant jusqu’à créer ses propres mots comme avec « mocherie » qui revient souvent. Le roman est truffé de références musicales, culturelles congolaises comme avec la récurrence de la natte, donc je me suis quelque peu retrouvée. Je pense que je vais laisser passer un bon moment avant de le relire.
A bientôt.
Ally KIMIA